après la pluie Bufo Bufo
pousse sa chansonnette
rien d'extravagant
c'est du crapaud
mais c'est roots
toujours au fond du tempo
une note ou deux
des harmoniques de mi en mode mineur
et d'une voix si flûtée
si seulement Bufo pouvait chanter !
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après la pluie Bufo Bufo
pousse sa chansonnette
rien d'extravagant
c'est du crapaud
mais c'est roots
toujours au fond du tempo
une note ou deux
des harmoniques de mi en mode mineur
et d'une voix si flûtée
si seulement Bufo pouvait chanter !
on est du mauvais côté
de la Méditerranée
pour le soleil couché
qu'importe les couleurs la plage ce soir
accueille les vendangeurs
une coll (*) de Corsavy qui travaillait
sur le Clos de Paulilles
rien d'une coll institutionnellle
débarquée d'Espagne en minibus,
plutôt le genre communautaire
on dit maintenant colocataire (?)
et les enfants regardent ces adultes un peu fous
qui se baignent nus fument de drôles de cigarettes
et boivent le vin au goulot
on échange des âneries
on trinque à la lune
tiens la petite Lili s'est endormie sur ses coussins de sable
alors à l'année prochaine
cette fois-ci il fait vraiment noir
(*) coll : une bande, une équipe de vendangeurs. Alain a raison (voir commentaire) le mot correct s'orthographie colla. una colla de brètols, une bande de voyous
vous, je sais pas mais
depuis quelques années mes amis fondent
et voilà que j'ai perdu Charlie
enfin pas perdu pour tout le monde
on le dit du côté de la vallée heureuse, oh rien du Changri-lâ, juste une petite vallée en cul-de-sac en amont de Sorède où l'on a construit des villas pour riches dans un paysage de rêve
on n'avait peur de rien dans les années soixandix
c'est là qu'il trouve ses clients Charlie, maçon, au chevet du mur mais sans étiquette ni numéro de sécu. C'est un personnage albérien, une légende, il a traversé toutes les utopies, disparues depuis de mort violente, et il continue de tourner dans sa vieille ambulance en attendant leur retour, il en est persuadé
c'est une des rares personnes que j'ai rencontrée à l'oreille
un jour où je marchais dans la sureda, la forêt de chênes-lièges, j'entendis un sax ténor reprendre le thème d'Ornithology
un chant d'oiseau be-bop à 220 à la noire
pas de Charlie sans musique c'est son oxygène, chez lui il y a plus de guitares que d'assiettes
mais à l'improviste, c'est parfois jamais et le silence
ce doit être une question de fréquence ou d'amplitude
et peut-être de cycles
allez il faut que je monte chez lui, que je lui montre cette nouvelle guitare
c'est à Port Bou, ce sont toujours les Albères mais en Espagne, une Espagne qui fait de nouveau danser le monde mais sur un blues, le blues des marchés
ici, Walter Benjamin est partout, trace et aura, lui qui n'y aura passé guère plus de 24 heures
"Trace et aura. La trace est l’apparition d’une proximité, quelque lointain que puisse être ce qui l’a laissée. L’aura est l’apparition d’un lointain, quelque proche que puisse être ce qui l’évoque. Avec la trace, nous nous emparons de la chose ; avec l’aura, c’est elle qui se rend maîtresse de nous."
c'est extrait du "Livre des passages". On n'a jamais retrouvé son corps, ni le précieux manuscrit qu'il transportait avec lui.