quelque chose me travaille, cela sort un peu du cadre habituel de ce blog mais ce n’est pas sans rapport avec l’Albera
cette histoire de bateau de réfugiés africains récupéré fin Août dans la Méditerranée
après avoir dérivé durant vingt jours en plein été dans une mer fréquentée et surveillée alors que le moindre animal marin en danger d'extinction est géolocalisé par GPS ou par balise Argos
on vient d'apprendre que des dizaines d'enfants morts de soif et de faim ont été jetés à la mer
(j'ai écrit, à ce sujet, un texte que vous pouvez lire sur
http://lacalavera.hautefort.com
autre blog, autre gymnastique…)
on sait qu'il est terriblement difficile de quitter son pays, ses proches, sa famille sans savoir quand on reviendra, si on reviendra
mais revenons aux Albères
après la défaite de l'armée républicaine en 1939, cette région des Pyrénées jouxtant la Catalogne, berceau de la révolution espagnole, a vu passer en quelques mois près de 500 000 réfugiés espagnols par les cols du Perthus, d'Ares ou par des chemins ancestraux comme Joan, un de nos meilleurs jardiniers, maintenant âgé de 87 ans, recueilli orphelin par une famille du village
près de 275 000 d'entre eux furent parqués sur les plages du Roussillon dans des conditions précaires au prix de nombreuses victimes
voir www.ffreee.typad.fr
lire Des camps sur la plage, un exil espagnol / Emile Temine, Geneviève Dreyfus-Armand (Autrement)
les villages du piémont des Albères comptent maintenant de nombreux descendants de ces réfugiés, le franquisme ne s'est éteint qu'en 1975 et la plupart ont reconstruit leur vie parmi nous
quelle différence avec un bateau africain ?
ce que nous apprend le voyage, infiniment mieux que son succédané le tourisme, c'est l'universalité de l'espèce humaine quel que soit son substrat culturel
qui sait si demain, nous, habitants du Nord de cette petite planète ne serons pas obligés à notre tour de partir, pour des raisons politiques, économiques ou climatiques ?…