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Einstein sur le rivage

DSCN1976.JPGje n'en avais pas fini avec le Ravaner, il devait y avoir une suite, un Ravaner 2 avec cascades et effets spéciaux tandis que résonnaient les cloches pascales

tournant le dos aux Albères et filant vers la mer pour la dernière partie de son cours, le tranquille petit fleuve côtier emprunte un méchant tunnel de tôle ondulée sous la quatre-voies

un trou de vers, que dis-je, un pont d'Einstein-Rozen

les années passent et je suis toujours aussi fasciné par la théorie de la relativité, ma piètre formation scientifique fait qu'elle constitue surtout pour moi une machine à rêve

or, ce jour-là les trous de vers me chagrinaient, comment et pourquoi la nature d'ordinaire si indifférente à nos petites affaires créerait-elles des singularités spacio-temporelles, des sortes de raccourcis qui ne lui servaient à rien...j'y voyais surtout une vicieuse intentionnalité, une résurgence de ce fameux principe anthropique derrière lequel se cachait le bienveillant Grand Horloger et tout se serait terminé en eau de boudin et la note avec si...

l'autre jour au passage d'un gué mon attention fut illico aspirée vers un bruit incongru

là, à fleur de gué un vortex me renvoyait à la figure sa déglutition d'évier, cette trombe sous-marine accompagnée de son souffle de vidange se prolongeait sous le gué guère plus grosse qu'un petit doigt.

Elle ne durait que quelques secondes et semblait apparaître spontanément à la confluence de paramètres aussi divers que la vitesse du courant, la hauteur de l'eau, les différence de niveau entre l'entrée et la sortie du gué

un instant je me suis senti comme Newton sans la pomme, je tenais mon trou de vers in-vivo

et finalement, rappelez à vous ce beau roman de Murakami "Kafka sur le rivage" et cet épisode sur la pluie de poisson en centre-ville

ils avaient, à leur manière, emprunté un autre de ces trous de vers que nous avons sous les yeux

nomdedieudenomdedieu

Commentaires

  • L’ouvrier Albert est de retour

    La légende dit qu’il aurait préféré être plombier quand il vit les conséquences explosives de son intervention auprès du président des USA après qu’il lui eut conseillé de se lancer dans la fabrication de la bombe. Ce n’était pas de sa faute.
    Mais à sa façon il était un ouvrier qui aimait son métier, espèce de bricolo génial, artiste de la physique qui avec un morceau de fil de fer et quatre bouts de ficelle théoriques a pondu les fondements de la physique contemporaine sur un coin de table pendant qu’il s’emmerdait dans un bureau pour faire bouillir la marmite de son gosse et sa femme. Pas de grand laboratoire pour expérimentation canon question de voir si ça marche ; rien, tout dans la tête ! 1905 « noblesse du calendrier ».
    Cher alix427 on peut avoir une formation scientifique moins piètre et être tout autant fasciné et rester impuissant à comprendre. (Il faut dire qu’au prétexte de chercher la plage sous quelques plaques de goudron j’en connais qui étaient bien contents de faire l’école buissonnière, ça n’aide pas à comprendre le grand Albert …auraient du bosser…)
    Vous parlez de vortex, de trous de ver, de singularités spatio-temporelles et la pensée est prise de vertiges, calcul différentiel et intégral, calcul matriciel, calcul vectoriel, quadrivecteur d’espace-temps, calcul tensoriel surtout, indispensable pour la relativité générale (heureusement qu’il avait des potes matheux, Albert), on est proche du malaise, la physique ne se conçoit que mathématique, trajectoires d’équation, explosion de rotationnel, stabilité des gradients quand les matrices sont carrées, asymptotes au désespoir de ne jamais rejoindre l’axe des x et le malheur c’est quand les équations divergent…
    Petit tourbillon insouciant du Ravaner sais tu les sévères difficultés de la mécanique des fluides ?
    Mais le pire dans tout ça c’est que au départ ce n’est pas si compliqué. Les vortex, les singularités spatio-temporelles etc. font partie de la relativité générale ; avant il y a celle dite restreinte qui n’utilise pas de mathématiques supérieures ou du moins que l’on peut aborder sans elles. Pourtant « les années passent » comme vous dites, la fascination demeure mais la compréhension n’est pas là, ce signal de la pensée si satisfaisant et si rare, certitude de « l’esprit ». Il faudrait reprendre au début avec l’échec de l’expérience de Michelson et Morley de 1887 et la catastrophe théorique qu’elle engendra. Ce jour là, nombre de physiciens dépités et désespérés ont du abandonné leur travail et ouvrir en grand leurs fenêtres pour mieux respirer…

  • Vous dites, Mécanofils "qu'au départ ce n'est pas si compliqué" :)
    La poésie ne serait-elle pas le grand vecteur de navigation entre trou noir et trou blanc, matière et antimatière ; par la vertu d'effets spéciaux d'un Ravaner 2, arrangés poétiquement par Ali427, nous chercherions, par les trous de ver et les bébés-univers, caressant l'écume de spins causaux, la parenté entre le relativiste et le quantique (des quantiques :), et nous aborderions un nouveau monde :)

  • « Nous aborderions un nouveau monde » oui, peut-être.
    Mais je crois tout de même qu’il y a des physiciens-poètes comme Albert
    et puis des poètes admiratifs devant la physique contemporaine.
    La différence est dans la logique des concepts et la rigueur des mathématiques qui l’accompagne. Albert était un poète capable de ça.
    Il y a des phénomènes physiques qu’il faut comprendre.
    Par exemple, au départ, comprendre que les phénomènes mécaniques et les phénomènes électromagnétiques en mouvement ne se comportent pas vraiment de la même manière quand on les étudie dans le cadre de la physique classique. Le poète de service doit déjà « se casser les os de la tête » pour relire les expériences et suivre les maths qui vont avec.
    On peut rêver et métaphoriser avec la supraconductivité, les fluides qui remontent la paroi des vases, les particules associées, le photon qui interfère avec lui-même, la gravitation quantique etc.…
    Mais faire de la physique, c’est rêver et mathématiser.
    En poésie les maths ne sont pas obligatoires…

  • "Mais faire de la physique, c’est rêver et mathématiser.
    En poésie les maths ne sont pas obligatoires…"

    Si rendre les mathématiques obligatoires suffisait à permettre à chacun de pouvoir "se casser les os de la tête" comme requis pour mathématiser les phénomènes physiques, je me battrais pour cette obligation-là.
    Peut-être un jour saurons-nous comment rendre les mathématiques à tous...:)

  • "Trouver le lieu et la formule...

    sciences et patience le supplice est sûr..."

  • ah tout cela est de fort bonne tenue ! mais n'exagère-t-on pas un tantinet sur la toute puissance des maths ? ce langage qui excelle à expliquer les phénomènes physiques semble assez inopérant face aux turbulences qui nous agitent et aux petites productions non euclidiennes de nos cervelles

  • Salut alix27, les maths semblent indispensables à la physique même si quelques intuitions géniales président sans doute aux vagabondages délicieux d'ouvriers hautement qualifiés comme Albert ou Nicolas Tesla (savant "fou" oublié de l'électricité mais qui mériterait d'être redécouvert; inventeur de l'alternatif et des transmissions sans fil des courants de puissance, de lui reste le tesla, unité magnétique et des photos où il trône entouré d'arcs électriques géants...avant de finir sur un banc public à donner des graines aux pigeons ). Quant aux sciences dites humaines, je crois savoir qu'un Lacan a essayé d'utiliser les maths mais tout cela est sans doute en friche ; à moins que d'autres aient pris le relais!?

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