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De lointains cousins

Ce matin-là l'avenir était ouvert, le passé rebouché. Je devais prendre le train, débarquer dans une ville lointaine, devenir webmaster ou webdocumentariste. Vous savez, disaient-ils, nous avons besoin de gens comme vous. J'avais les billets dans mon petit sac de nomade et ma playlist pour le voyage,
mais au dernier moment j'ai tourné j'ai bifurqué cap à l'ouest.
Les hêtres d'altitude s'étaient remplumés, affichant ce vert tendre qui ne dure qu'une journée.

Sous bois de hêtres et pins laricios mêlées, chants d'oiseaux, il est encore très tôt. Alerté par un bruit de branche brisée, je perçois un mouvement dans l'ombre quelques vingt mètres un peu plus bas. Je pense tout d'abord à des vaches broutant des faînes -ce que l'on trouve le plus couramment par ici, ces vaches quasi sauvages - mais sont-ce des vaches ou des bisons ? Puis une tête passe dans une tâche de soleil et j'aperçois un groin, des petites oreilles mobiles. Ce sont des sangliers bien sûr et de belle taille en plus, c'est assez rare d'en voir d'aussi près mais le bruit, pourtant discret , de l'autofocus les fait déguerpir aussitôt.
Je pense que les anciens habitants de ces montagnes, lorsqu'ils ne voulaient pas les quitter, se sont sanglierisés par un processus de transformation cher à Ionesco et à Kafka
et c'est pourquoi les chasseurs d'ici qui leur ressemblent tant, perpétuent ce rituel d'anthropophagie avec leurs lointains cousins.

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