le silence de la pensée

ce sont des silhouettes comme les marionnettes du théatre d'ombre de Java

d'où s'échappent des pensées qui montent jusqu'au plafond

il y a ce vers de William Blake qui semble m'aller comme un gant

le chemin de l'excès mène au palais de la sagesse

plus loin, des coquilles d'hommes sont assises sur des nuages de lettres suspendus à des haubans

je pense au Cloud à ces amas de données numériques qui attendent la mort des serveurs

l'art de Jaume Plensa est accueillant

il lance des passerelles

c'est au musée de Céret

l'alignement des caps

 - un cap, ça sert à rien, dit le chien

- c'est bon pour les marins

- ou les mouettes !

- on dirait les pattes d'une grosse bête

- ce sont les pattes des Albères

- les Albères ont-elles des pattes ?

- et pourquoi tout accorder au féminin ?

- parce que les montagnes sont féminines

- et d'ou tu tiens ça toi ?

- tu sais vraiment rien, dit le chien

 

les pieds de l'âme

laver mon âme

à la façon des chats

en commençant par les pieds

-les pieds

de l'âme

sont si sales-

et peu à peu comme ça

en lappant aller

vers le plus important

qui s'efface en avançant

le secret est bien gardé

la matière noire reste cachée

wanted !

ce gros papillon (*) venu d'Argentine (ici de profil dans un avocatier) a sa photo dans toutes les mairies

son seul crime est de pondre dans les palmiers où ses larves croissent en boulottant,

ce qui est très mal vu

les municipalités, qui depuis une quinzaine d'années se sont entichées  pour ce totem d'agrément sensé incarner la suditude (!) ont mis sa tête à prix

ce papillon est rigolo, impressionnant par sa taille, une dizaine de centimètres d'envergure, son gros ventre, son vol assez peu discret

(on le repère à son flop-flop-flop)

mais qu'il prenne de l'altitude et c'est un oiseau

 si on le laissait un peu tranquille ?

après tout le palmier ce n'est qu'une herbe géante

invasive en quelque sorte puisqu'elle a remplacé nos érables, nos tilleuls, nos marronniers

ah, rendez-nous nos marronniers !

 

 

(*) Paysandisia archon

 

 

 

 

musique & magie

sur le parvis de l'église il y a

des bassons des violons des cors et puis

dans le ciel drap tendu

une jetée d'hirondelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

on compte aussi un chat dans le public encore gris

la musique tient dans la main

très vite on se transforme

c'est presque indécent

les musiciens

parfois ce sont des enfants

qui donnent

c'est ausi simple que cela

humains nous sommes