des nouvelles de Juliette

 

chaque matin d'Avril nous ramassons des chouettes que nous perchons hors d'atteinte des matous dans des cartons accueillants

ce sont de petites chouettes intrépides qui s'élancent du nid familial sans plan de vol ni parachute

puis atterrissent en catastrophe

souvent chez moi

cré moé cré moé pas ce matin il y en avait une dans la salle de bain qui me regardait depuis le panier à linge

elle était passée par le vasistas

mais je n'ai toujours pas compris comment

je dois avoir un truc avec les oiseaux

un dimanche dans le cosmos

 

 

mais où avais-je la tête ?

descendant de l'Hermitage de Notre-Dame la la Consolation
arrivé près de la station Sainte Thérèse
j'ai eu comment dire quelque chose qui ressemblait à une illumination
mais sans les effets secondaires

 

à cet endroit le Douy n'est qu'un filet d'eau
il glisse entre les parcelles d'AOC
il y avait ce jour-là sur la rive une brassée de pervenches
que perçaient des cannes de Provence
et ces fleurs bleues m'étaient comme des étoiles
des constellations traversées par des lignes haute tension
et elles faisaient de la musique

j'étais dans les cordes

 

subversion rurale

nous avons le choix des programmes

concert de chouettes ou de crapauds

sur la chaîne animal

on peut aussi travailler du nez

sentir ce qui monte

des glycines des jasmins

voir en odeur

la dimension des fleurs

être aveugle au son qui sature les réseaux

et puis quand nous serons prêts

donner la mort aux écrans

 

 

 

donner des claques

 

 

mais quelle époque épique (*) chaque jour apporte son lot de turpitudes les journalistes s'agitent l'info bouillonne

à qui donner des claques ? Les prétendants sont nombreux

la machine a des ratés on serait tenté de ne pas la réparer de regarder ailleurs d'attendre que ça passe

un nouvel épisode de la stratégie du chaos ?

Seule certitude

à Laroque les hirondelles sont à l'heure

 

 

(*) Yolaine de la Bigne

cap à l'Est

 

cela fait un petit moment que je campe au Cap D'Ullestrell, le nez dans un bouquin mais pas trop, c'est un cap à l'Est, vers l'Orient donc mais sans plus, juste un bout d'Albères maritimes où percent des arômes romarins, ceci pour les parisiens et leur fog, quand on aime il faut partir (*).

il n'y a rien par ici, c'est sans doute que rien ne manque, il y a tout en vérité, un canot à moteur et sept goélands sont passés, je les ai comptés, si près que j'aurais pu les dessiner, le bec crochu les ailes haut perchées, hé Jonathan !  Il y en a tout un groupe au large posé sur l'eau.

Je relis quelques lignes de Thomas Crowe, c'est un livre-culte là-bas de l'autre côté de l'Atlantique, ma vie dans les Appalaches, cela me fait penser à Marc qui m'envoyait des commentaires rêveurs, il habitait à côté. C'est globalement ennuyeux, les passages techniques sont intéressants mais il y a trop d'états d'âmes

c'est le syndrome Thoreau, vivre en autarcie au fond des bois sans autre obligation que de s'occuper de soi en dehors du monde, très peu pour moi. La démarche pourrait être respectable et sympathique mais on y décèle un gros héritage religieux, beaucoup de culpabilité et finalement on est assez loin de l'harmonie et de la fusion. Cela manque clairement de jouissance.

Ce poète, la beauté est assise sur ses genoux (*) et pendant ce temps il fait des plans il échafaude des projets et il omet de la croquer...

voilà, c'était ma contribution au Printemps des poètes !

 

 

 

 

(* )désolé Blaise et Arthur !