bénir le vent

il semble qu'il y ait du côté de Requesens une statue de sainte qu'une poignée de pélerins

processionne depuis l'épidémie de peste de 1615. Ils portent un petit pain et une branche de grévol. Lorsque la marinade s'éternise, des miasmes naissent des marécages de l'Ampurdan. Cette sacrée patronne a pour office de réveiller la tramontane et tout le monde est content. Les catalans du sud retrouvent ce vent froid et sec qui rend fou tandis que ceux du nord voient les nuages repoussés vers la mer les sauvant ainsi du déluge

c'est que de saints ici nous sommes cernés, chapelles monastères hermitages...les Albères sont ainsi ceinturées de pierres consacrées comme si Méphisto en personne y résidait

par le col du Forcat

on monte au Forcat en passant par le hameau de Saint-Martin de l'Albère, deux fermes, une chapelle un cimetière ainsi qu'une brassée de pancartes nous suggérant de rebrousser chemin, pourtant tout est tranquille, genre Suisse catalane, pâturages vaches pâturages et sitôt le sentier à couvert on grimpe délicieusement devant de remarquables sujets de sapins ou d'hêtres, en chemin un mobilier de pierre daté de 1869 taillé de la main de Manel que vous ne trouverez pas au catalogue et bien vite on arrive au col bien marqué entre ses deux mamelons festonnés de genêts où s'engouffre la tramontane

la source du Llobregat est à côté

une partie de l'armée républicaine en déroute est passée par ici en Février 1939

dans la boue et le froid ils ont dû en baver

pour l'heure le soleil et le chant des oiseaux m'accompagnent dans une belle forêt de châtaigniers qui cèdent la place aux chênes-lièges dans le dernier tiers du parcours

le sentier rejoint alors la piste venant de Cantallops, quelques ruines d'un hameau plein sud autour de nombreuses terrasses et une grande ferme avec un curieux pigeonnier comme un doigt de pierre posé sur son toit

et plus bas émergeant des frondaisons, les tours crénelées et les remparts d'un château-fort comme neuf, Requesens.