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  • tête à queue

    couleuvre dans le chemin qui s’échappe du jardin

    soudain l’envie de la caresser

    elle se sauve dans les noisetiers

    j’admire son corps souple son silence sa vitesse

    je la cherche un bruit curieux la trahit

    elle agite frénétiquement son extrémité

    -on ne va pas parler de queue pour un serpent cela ne serait pas sérieux-

    comme le font ses collègues à sonnettes

    mais elle n’a pas de grelot

    et pendant que l’idiot que je suis regarde s’agiter l’appendice

    sa tête qui a déjà fait le tour de la souche m’attend de l’autre côté

  • des puces

    la puce est-elle d’une quelconque utilité pour le biotope des animaux qu’elle infeste ?

    j’en étais là de mes méditations

    puces d’Issa, prince du haîku ou puces savantes

    je les écrasais entre deux ongles mon chien m’en était reconnaissant

    était-elle une simple mécanique au système nerveux rudimentaire et pourtant nous avions certainement des gènes en commun

    et pourquoi la puce quelles étaient ces perspectives d’évolution

    non mais quel karma !

    la puce comme brique élémentaire

    quelque chose dont on pourrait très certainement se passer mais qui est là pourtant

    pour nous rappeler qu’elle aussi a dû trouver sa place sa niche écologique et suivre son chemin

    elles fuient entre les longs poils noirs elles ont des super pattes postérieures

    leur corps est équipé pour cette fuite, aplati et fuselé à l’avant

    mais cette peur des puces fait vaciller mon frêle échafaudage

    elles connaissent sans doute également le bien-être

    le bonheur chez les puces quand bien repues elles s’endorment

    elles se reproduisent

    les puces jouissent-elles ? ont-elles d’autres comportements sociaux ?

    un code, un langage que sais-je…

    j’ai cru pouvoir discerner des réunions de puces, un groupe de quatre individus

    se rencontre régulièrement

    mettre ce groupuscule sous surveillance, ils sont peut-être de Tarnac !

  • l'oreille imparfaite

    DSCN1082.JPGdans le Japon Shinto il y a cette expression "lieu où souffle le ki" mais il paraît que les japonaises d'aujourd'hui

    lui préfèrent celle de "power spot"

    les vieux gaëls parlaient de ker "lieux habités"

    affleurement connexion résurgeance

    on a tous rencontré au moins une fois ce genre d'endroit

    la paix, l'harmonie qu'on y trouve

    et puis l'impression de se sentir chez soi

    sans doute il y a très longtemps avons-nous été suffisament innocents et vierges de toute inscription

    pour enchanter le monde à notre manière

    mais maintenant c'est foutu

    les mythes m'amusent mais il reste ces endroits

    ces histoires de puissance, d'énergie m'ennuient ces grands mages qui s'affrontent avec leurs super-pouvoirs

    et si nous passions à autre chose ?

    je préfère y voir des points de méditation

    pas de gain pas de puissance des tambours

    où l'on retrouve la bonne fréquence

    des accordeurs en somme

    comme ces petites machines dont se servent les musiciens à l'oreille imparfaite

  • le rien qui pousse


    parfois il ne se passe rien la tête est vacante et je regarde tomber la pluie
    j'ai l'impression d'avoir perdu un morceau de cerveau
    je me souviens d'une situation analogue où j'étais parvenu à faire se tenir quelques mots
    un petit poème sur le rien qui pousse ?


    la nuit la lune éclaire
    rien la tête vide
    comme s’il n’y avait pas
    de tête
    deux lumières au loin
    ce sont deux lumières au loin
    vide vide
    serait-ce cela le bonheur ?
    pas la moindre idée dedans
    aucun frémissement
    entrelacis des branches sur la façade
    un arbre une vigne l’ombre de