dans Sept jours à la Havane, il y a ce film de Pablo Trapero, Jam session, qui met en scène Emir Kusturica venu chercher un prix d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre
Kusturica est îvre, absent à son art comme à lui-même, la caméra suit son grand corps bourré dans les réceptions dans les hôtels dans les halls, il est îvre il est indigne il est fini il parle au téléphone il connaît des numéros par coeur
son guide son interprète son factotum cubain, un petit homme rond à l'allure insignifiante le soutient au terme d'une longue nuit qui pourrait être sa dernière et le dépose dans un bar
débute alors une jam session où la musique le ramène un instant à la vie et Kusturica découvre que son guide, ce petit chauffeur de taxi est un grand trompettiste de jazz cubain mais le conte s'arrête là car la fée est morte
je ne sais pourquoi au moment d'écrire cette note ce film m'est apparu comme une parabole
Kusturica c'est un peu l'homme malade de l'Occident...
nous sommes îvres nous avons
tout cassé
malgré la beauté des ruines qui demeurent
nous regardons à côté
pourquoi ce feu ce foehn ?
il fait plus chaud qu'à Bamako
il fait plus chaud qu'à Guantanamo
et l'Afrique nous jette du sable