Chemin de Sargé, chemin des Fontenelles, chemins creux communs des pays de bocage. Ils courent entre les champs, ils sont sa couture. Entre deux talus, bordés de haies et de trognes dans un couvert permanent, parfois comme un tunnel.
Ils sont certainement aussi vieux que le pays.
C’est aussi un merveilleux biotope, une frontière naturelle, un refuge pour les bêtes, pour les hommes aussi
Chouannerie, guerres de Vendée, abris contre les bombes, raccourcis.
Quand je les ai découverts à mon tour vers le milieu des années 70, ils n’étaient plus utilisés
mais façonnés par les hommes qui les avaient oubliés, il en émanait une impression d’abandon comme une maison fracassée ouverte aux quatre vents. La ronce y courait,
des ferrailles rouillées des carcasses,
je les ai trouvés merveilleux.
L’étalement de la ville et de ses quartiers les avaient meurtris et tronqués mais ils continuaient d’exister, comme un pied de nez, un échappatoire. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Il me semble que c’est à ce moment que nous avons bifurqué,
lorsque nous avons abandonné les chemins.
© Photo Blue Rabbit "Un chemin dans le chemin" . 2017
poesie - Page 4
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divergeance
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l'empire du laid
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les bataillons fruitiers
tous couchés empilés
les petits soldats des bataillons fruitiers
même pas malades
même pas vieux
juste une absurdité -
le chemin des fées
sans arrêt il faut ralentir
on reçoit trop tout le temps
du nouveau
du nouveau nouveau
du nouveau pas terminé
du nouveau à venir
c'est comme une intoxication,
l'accélération -
derrière le grouillamini
et toujours la rumeur du monde
au fond le bruit des moteurs
c'est comme une migraine
derrière le clapotis du lac
derrière les cris de joie des jeunes hirondelles
un grouillamini d'ailes plantées au fil de l'eau