blizzard sur les Albères
tramontane sertie de grésil
qui cingle le visage et ferait
presque regretter d'être là
s'il n'y avait cette plainte
des arbres couchés des buissons des herbes tous raidis par le froid
qui courait sur le sentier déjà blanc
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blizzard sur les Albères
tramontane sertie de grésil
qui cingle le visage et ferait
presque regretter d'être là
s'il n'y avait cette plainte
des arbres couchés des buissons des herbes tous raidis par le froid
qui courait sur le sentier déjà blanc
je rejoins les Albères à la nuit j'ai passé la journée à ton chevet
petit corps percé d'aiguilles soutenu en vie par tous ces tuyaux
qui te font comme des fils étranges
demain peut-être si j'ai un peu de temps devant moi
j'irais ramasser ces kiwis ces framboises ces kakis
ne penser qu'aux fruits
et à leurs promesses
Julio Cortazar a écrit des choses terribles sur la tramontane
comme ont dû la maudire les réfugiés de la retirada de l'hiver 1939
parqués sur les plages d'Argeles ou de St Cyprien
pour ma part modestement cette contribution animiste
le vent les premiers vents d'hiver
la tramontane froide qui pousse ses rafales
elles s'annoncent à l'avance
le mugissement va crescendo les feuilles s'abandonnent
et dans la forêt on dirait la mer
exactement
au-dessus des murs semés d'étoiles
le dégueulis de l'eau les clarines
des vaches perdues dans la forêt proche
la ligne noire des arbres monte à l'assaut
et Vénus marque la lune,
bonheur nocturne
il ne manque que la chouette modale
qui bandait ses notes
Hé Coltrane !
j’étais dans la châtaigneraie au-dessus de la maison à descendre le bois coupé ces dernières semaines
nous ne sommes pas très nombreux à faire ce boulot là je ne sentais pas le froid
nettoyer le sous-bois soigner les arbres effacer les blessures de la tempête de Janvier éclaircir élaguer couper ces bruyères et ces genets qui savent si bien se transformer en torche le moment venu retarder ce moment
les châtaigniers sont malades les vieux ceux qui n’ont pas été coupés depuis la dernière guerre cette forêt est vierge depuis cinquante ans c’est à cette époque que nombre de mas ont été abandonnés leurs habitants cédant à l’appel de l’électricité et de l’eau chaude
le bois de châtaignier servait alors à la construction parquets charpentes linteaux mais aussi piquets de clôture tonneaux les arbres n’avaient pas le temps de devenir vieux
et les sécheresses à répétition de ces dix dernières années l’ont fragilisé plus de force pour se battre contre les insectes les maladies chancre encre alors il faut couper cela donne de la vigueur aux rejets qui repartent du pied et s’occuper d’eux
supprimer les chétifs les tordus ce monde est sans pitié mais si ce travail n’est pas fait la souche se dessèche puis meurt à son tour et plus rien ne repousse
la vue d’un châtaignier mort me désole son tronc nu et presque blanc ses branches réduites à des perches acérées comme des griffes
alors je m’occupe d’eux j’aime ça et puis le travail dans les bois est une psychanalyse
je pensais au tallats i sembrats la coutume ancestrale qui autorisait les villageois à défricher et à semer
à la tradition de la barra qui consistait à ramasser le bois mort pour se chauffer et que par ici seul le météorologue continue de pratiquer il faut le voir à plus de soixante ans passés remonter chaque soir la côte vers les remparts avec un tronc de châtaignier porté sur l’épaule
pourquoi avons-nous quitté les bois comme des marins tourneraient le dos à la mer
et je jetais mes bûches dans la pente lorsqu’un groupe de randonneurs est passé à quelques mètres au-dessus par le chemin ni bonjour ni merde de quel côté était le sauvage