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albéra - Page 17

  • de la horta

    DSCN2010.JPGdans le vieux village construit en colimaçon autour de son donjon il n'y avait pas de place alors les jardins sont à l'extérieur des murs désolidarisés des maisons chaque famille a le sien celui-là c'est le mien

    tomates courges aubergines poivrons des variétés de haricots de salades et aussi quelques originaux

    des coquerets du Pérou et cette années des plants de papaye

    des daturas se sont invitées et aussi du pourpier sauvage

    la vigne borde ce petit monde ombragé par les agrumes et deux oliviers qui ont trouvé leur place et j'en oublie car la liste serait trop longue

    et que dire de plus d'un jardin, un mélange de tradition et d'expérimentation, un lieu d'apprentissage où l'humilité est une vertu car tout est toujours à recommencer et diable que la terre est basse !

    et je me dis que le barbu aurait été bien inspiré d'être jardinier au lieu de jouer au berger cela aurait changé bien des choses...

  • écologie politique

    images.jpegon en voit de toutes les couleurs dans la horta, des créatures ailées surveillent des petits monstres grassouillets, s'en emparent, les bousculent sans crier gare (mais qui sait ?) pour les remettre dans le droit chemin                                   sont-ce des anges ? contemplerais-je sans m'en douter une miniature de l'Apocalypse ?                                                   de miniature il est bien question puisque ce petit monde s'agite sous les feuilles de mes plants de tomates                   des pucerons rouges                                                            et puis quoi encore ?                                                            à quelques pas de là sur les basses branches d'un pêcher, ce sont les fourmis rouges, le dard levé qui escortent une division de pucerons cuirassés en rang par deux et rien ne dépasse                                                                              ces hiérarchies militaires, même à petite échelle cela me hérisse, je pourrais être le Toussaint Louverture de ce pêcher et créer dans le potager des Utopies où les pucerons rouges et cuirassés vivraient libres et égaux faisant commerce de leur miellat avec qui bon leur semble, l'ordre (ou le désordre) de ce biotope en serait-il réellement bouleversé ? il ne tarderait pas à naître des factions des courants et des pucerons obèses feraient voter des motions, l'écologie politique c'est d'un compliqué on le voit bien ils ne sont jamais d'accord. Alors je repense à mes tomates, je prends une mine de circonstance et j'arme le pulvérisateur. C'est du savon noir, l'odeur est agréable et c'est bigrement efficace                              

  • les visiteurs

    DSCN1306.JPG

     

     

     

    dire que souvent je scrute le ciel en vain à la recherche de ma bonne étoile

    ou comme support à mes élucubrations

    pour une fois qu'il s'y passait quelque chose je n'ai rien vu

    mais que faisais-je donc le 14 janvier 2011 ?

     

     

     

    http://www.lepost.fr/article/2011/02/05/2396176_apparition-d-un-ovni-a-laroque-des-alberes-4-temoins.html

     

    pourquoi ce village a-t-il retenu l'attention des visiteurs et pourquoi s'approcher si près alors que la dangerosité de l'espèce humaine  est un fait avéré dans toute la galaxie ?

    peut-être parce que nous formons un échantillon spacio-temporel représentatif avec ses singularités, un biotope intéressant en somme, un mix européen, des espagnols des allemands des anglais des irlandais deux écossais des hollandais mais aussi un canadien un australien un couple de vietnamiens et une famille malgache. Il y a aussi des néoruraux et un peuple premier : les catalans

    sans doute ces ethnologues d'outre-espace ont-ils pris quelques notes sur nos interactions sociales à moins qu'ils n'aient choisi comme sujet d'étude une autre espèce finalement assez proche avec laquelle nous partageons le même biotope : les sangliers

    après tout, ILS survolaient la forêt !

     

     

     

  • le temps du tilleul

    DSCN1996.JPGeh bien justement j'avais prévu de visiter ce tilleul en bordure de correc juste sous le Mas Bordes, d'habitude j'y passais plutôt début Juin, mais là avec ces grosses chaleurs...et l'arbre était à point, couvert de petites fleurs blanches, on le sent avant de le voir

    elle m'a dit c'est la saison du tilleul mais plus personne ne va le cueillir maintenant, avant on connaissait le bon moment pour y aller, on surveillait celui qui était à l'entrée du village après le pont vous savez la maison isolée et quand il était en fleurs on savait qu'il nous restait une bonne semaine avant de monter

    et l'orage grondait déjà dans le Vallespir, le ciel était noir à l'Ouest comme en été, c'est délicat le tilleul, un peu avant et cela ne donne rien qu'un jus amer, un peu après et c'est déjà trop tard

    il dit mes jambes elles valent plus rien mais avant je connaissais tous les rochers et jusqu'en haut. Il a 80 ans et ses longues jambes plient et peinent à porter son grand corps mais tout est encore vif en lui il pétille. Je mesure comme cela doit être difficile d'avoir la montagne à côté plus que pour les yeux et le souvenir des grandes enjambées.

    nos petits sacs se remplissent les fleurs sont douces au toucher le ciel craque c'est encore loin

    et bien sûr nous parlons des oiseaux des pinsons qu'on ne voit plus des chardonnerets nombreux cette année des perruches qui remontent du sud, j'étais passé les voir avant la sieste, ils habitent tous les deux la mer pavillonnaire, la mort lente, rien ne bouge sous le soleil et toutes ces fleurs riches des catalogues...

     

    il y a des colonies de petites mouches rousses avec de longues ailes et un curieux appendice, presque une queue et des centaines d'abeilles, l'air bourdonne le coton colle à la peau et déjà les premières gouttes, vite avant que la pluie ne déchire nos sacs en papier

     

  • Einstein sur le rivage

    DSCN1976.JPGje n'en avais pas fini avec le Ravaner, il devait y avoir une suite, un Ravaner 2 avec cascades et effets spéciaux tandis que résonnaient les cloches pascales

    tournant le dos aux Albères et filant vers la mer pour la dernière partie de son cours, le tranquille petit fleuve côtier emprunte un méchant tunnel de tôle ondulée sous la quatre-voies

    un trou de vers, que dis-je, un pont d'Einstein-Rozen

    les années passent et je suis toujours aussi fasciné par la théorie de la relativité, ma piètre formation scientifique fait qu'elle constitue surtout pour moi une machine à rêve

    or, ce jour-là les trous de vers me chagrinaient, comment et pourquoi la nature d'ordinaire si indifférente à nos petites affaires créerait-elles des singularités spacio-temporelles, des sortes de raccourcis qui ne lui servaient à rien...j'y voyais surtout une vicieuse intentionnalité, une résurgence de ce fameux principe anthropique derrière lequel se cachait le bienveillant Grand Horloger et tout se serait terminé en eau de boudin et la note avec si...

    l'autre jour au passage d'un gué mon attention fut illico aspirée vers un bruit incongru

    là, à fleur de gué un vortex me renvoyait à la figure sa déglutition d'évier, cette trombe sous-marine accompagnée de son souffle de vidange se prolongeait sous le gué guère plus grosse qu'un petit doigt.

    Elle ne durait que quelques secondes et semblait apparaître spontanément à la confluence de paramètres aussi divers que la vitesse du courant, la hauteur de l'eau, les différence de niveau entre l'entrée et la sortie du gué

    un instant je me suis senti comme Newton sans la pomme, je tenais mon trou de vers in-vivo

    et finalement, rappelez à vous ce beau roman de Murakami "Kafka sur le rivage" et cet épisode sur la pluie de poisson en centre-ville

    ils avaient, à leur manière, emprunté un autre de ces trous de vers que nous avons sous les yeux

    nomdedieudenomdedieu