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" Petits départs et autres véhicules " - Page 53

  • pour quelques degrés de plus...

    DSCN0893.JPGtropique des Albères

    des sardanes en boubou

    pour quelques degrés de latitude

    toutes ces glaces qui fondent

    ces neiges qui n'en peuvent plus

    sont-ce les pâles du ventilateur

    cet air épais chaud

    mon Afrique couverte de vignes qu'on libère au petit matin

    mon Afrique en bigatanes

    Avions-nous des tambours ?

    et nous irons de par les bois cueillir des balanes,

    des champs de cannes montent des cris d'oiseaux

    des tigres souriants nous accompagnent

  • ce crapaud m'étonne

    DSCN1983.JPGaprès la pluie Bufo Bufo

    pousse sa chansonnette

    rien d'extravagant

    c'est du crapaud

    mais c'est roots

    toujours au fond du tempo

    une note ou deux

    des harmoniques de mi en mode mineur

    et d'une voix si flûtée

    si seulement Bufo pouvait chanter !

  • un soir à la plage

    vendangeurs, alberaon est du mauvais côté

    de la Méditerranée

    pour le soleil couché

    qu'importe les couleurs la plage ce soir

    accueille les vendangeurs

    une coll (*) de Corsavy qui travaillait

    sur le Clos de Paulilles

    rien d'une coll institutionnellle

    débarquée d'Espagne en minibus,

    plutôt le genre communautaire

    on dit maintenant colocataire (?)

    et les enfants regardent ces adultes un peu fous

    qui se baignent nus fument de drôles de cigarettes

    et boivent le vin au goulot

    on échange des âneries

    on trinque à la lune

    tiens la petite Lili s'est endormie sur ses coussins de sable

    alors à l'année prochaine

    cette fois-ci il fait vraiment noir

     

     

     

     

    (*) coll : une bande, une équipe de vendangeurs. Alain a raison (voir commentaire) le mot correct s'orthographie colla. una colla de brètols, une bande de voyous

  • à l'improviste

    DSCN0040.JPGvous, je sais pas mais

    depuis quelques années mes amis fondent

    et voilà que j'ai perdu Charlie

    enfin pas perdu pour tout le monde

    on le dit du côté de la vallée heureuse, oh rien du Changri-lâ, juste une petite vallée en cul-de-sac en amont de Sorède où l'on a construit des villas pour riches dans un paysage de rêve

    on n'avait peur de rien dans les années soixandix

    c'est là qu'il trouve ses clients Charlie, maçon, au chevet du mur mais sans étiquette ni numéro de sécu. C'est un personnage albérien, une légende, il a traversé toutes les utopies, disparues depuis de mort violente, et il continue de tourner dans sa vieille ambulance en attendant leur retour, il en est persuadé

    c'est une des rares personnes que j'ai rencontrée à l'oreille

    un jour où je marchais dans la sureda, la forêt de chênes-lièges, j'entendis un sax ténor reprendre le thème d'Ornithology

    un chant d'oiseau be-bop à 220 à la noire

    pas de Charlie sans musique c'est son oxygène, chez lui il y a plus de guitares que d'assiettes

    mais à l'improviste, c'est parfois jamais et le silence

    ce doit être une question de fréquence ou d'amplitude

    et peut-être de cycles

    allez il faut que je monte chez lui, que je lui montre cette nouvelle guitare

  • un port, une porte

    DSCN2064.JPGc'est à Port Bou, ce sont toujours les Albères mais en Espagne, une Espagne qui fait de nouveau danser le monde mais sur un blues, le blues des marchés

    ici, Walter Benjamin est partout, trace et aura, lui qui n'y aura passé guère plus de 24 heures

     

    "Trace et aura. La trace est l’apparition d’une proximité, quelque lointain que puisse être ce qui l’a laissée. L’aura est l’apparition d’un lointain, quelque proche que puisse être ce qui l’évoque. Avec la trace, nous nous emparons de la chose  ; avec l’aura, c’est elle qui se rend maîtresse de nous."

     

    c'est extrait du "Livre des passages". On n'a jamais retrouvé son corps, ni le précieux manuscrit qu'il transportait avec lui.