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" Petits départs et autres véhicules " - Page 56

  • Einstein sur le rivage

    DSCN1976.JPGje n'en avais pas fini avec le Ravaner, il devait y avoir une suite, un Ravaner 2 avec cascades et effets spéciaux tandis que résonnaient les cloches pascales

    tournant le dos aux Albères et filant vers la mer pour la dernière partie de son cours, le tranquille petit fleuve côtier emprunte un méchant tunnel de tôle ondulée sous la quatre-voies

    un trou de vers, que dis-je, un pont d'Einstein-Rozen

    les années passent et je suis toujours aussi fasciné par la théorie de la relativité, ma piètre formation scientifique fait qu'elle constitue surtout pour moi une machine à rêve

    or, ce jour-là les trous de vers me chagrinaient, comment et pourquoi la nature d'ordinaire si indifférente à nos petites affaires créerait-elles des singularités spacio-temporelles, des sortes de raccourcis qui ne lui servaient à rien...j'y voyais surtout une vicieuse intentionnalité, une résurgence de ce fameux principe anthropique derrière lequel se cachait le bienveillant Grand Horloger et tout se serait terminé en eau de boudin et la note avec si...

    l'autre jour au passage d'un gué mon attention fut illico aspirée vers un bruit incongru

    là, à fleur de gué un vortex me renvoyait à la figure sa déglutition d'évier, cette trombe sous-marine accompagnée de son souffle de vidange se prolongeait sous le gué guère plus grosse qu'un petit doigt.

    Elle ne durait que quelques secondes et semblait apparaître spontanément à la confluence de paramètres aussi divers que la vitesse du courant, la hauteur de l'eau, les différence de niveau entre l'entrée et la sortie du gué

    un instant je me suis senti comme Newton sans la pomme, je tenais mon trou de vers in-vivo

    et finalement, rappelez à vous ce beau roman de Murakami "Kafka sur le rivage" et cet épisode sur la pluie de poisson en centre-ville

    ils avaient, à leur manière, emprunté un autre de ces trous de vers que nous avons sous les yeux

    nomdedieudenomdedieu

  • Down by the river

    FSCN1933.JPG

     

     

    et me voici par un autre chemin rien de moins que la via Heraclia, la voie romaine qui franchissait l’Albère par le col de Baillaury puis celui de Banyuls ... trois points de passage pour un si petit massif, cela donne une idée de la géopolitique d'il y a 2000 ans

     

    maintenant la voie pavée de jadis ne sert plus à grand-chose la végétation a mangé les ruines, celles de l’abbaye cistercienne de Valbonne celles du hameau de Torreneulos, une ancienne base des Templiers

    ne restent aujourd’hui que quelques viticulteurs venus aujourd’hui pour attacher la vigne et quelques llanuts réfugiés  de tous les Guéant de tous les Sarkosy de tous les Hortefeux de tous les Besson, un miracle...

     

    on dit de la vallée du Ravaner qu'elle est une frontière et cela saute aux yeux

    granites au Nord-Ouest et pentes raides et terrasses ensauvagées où semblent flotter les troncs des chênes-lièges et plus haut encore la ligne de crête qui monte jusqu'au pic des quatre termes auréolé de nuages noirs

    schistes au Sud-Est, on dit qu'il ne gèle jamais au sud du Ravaner, le ciel est bleu liquide et la mer au côté et les terrasses tirées au cordeau de l'appellation Collioure grimpent jusqu'aux sommets des collines alignant leurs ceps comme autant de bouteilles promises sur des étagères...

    rap des grenouilles solo d'un rossignol c'est l'époque des cistes mauves des cistes blanches des campanules et des marguerites et cela continue tout au long du chemin, j'avril et je le sais bien qu'on se tue qu'on s'étripe et les mouches bleues prolifèrent en Mediterranée...

    un vieil hippie dans sa berlune (*) me salue en joignant deux doigts de sa main, je passe devant leur campement étonnant fait de casots troglodytes, les sages ayant repoussé quelques chapitres de LOOPSI 2, ils ont encore de beaux jours devant eux...

    et c'est tant mieux

    et je me surprend à siffloter quelques mesures de Down by the river de ce bon docteur Neil

    - hey man, un vieil hippie ça fait pléonasme, dit le chien

    - détrompe-toi sac à puces, c'est un oxymore, ce n'est pas le hippie qui vieillit, c'est le monde qui se ride !

     

     

     (*) Note du traducteur : berline ayant plus d'un aller-retour Terre-Lune au compteur

  • explosion

    DSCN0024.JPG

    tiens, quelque chose de Brocéliande cela doit tenir à la gestion de la forêt où plutôt à son absence pas de gestion invasive c’est la forêt qui se gère qui se digère

    dans les deux cas elles sont anciennes, on dit même que celle de la Massane serait un reste de la forêt primaire une forêt de hêtres et de chênes blancs et puis quoi encore

    Voir cette forêt comme un système pileux

    cette tendance à sentir la planète comme un organisme me perdra

    je suis dans les cheveux de la Terre je pense aux racines ce que j’ai là devant les yeux il y en a autant en dessous

    et cet ami qui ne parlait que d’humus où a-t-il posé son bagage ?

    Mais cette fois-ci je ne dirais rien des arbres des reflets verts et des jeux de lumière

    et l’air

    comme j’aimerais avoir la truffe de mon chien

    -juste une heure une heure seulement...-

    cela doit être une explosion

    mais

    c’est comme si je montais en apesanteur

    la beauté est à chaque pas mais je ne veux rien de tout cela pas cette fois

    ce que je cherche là c'est

    juste une infusion de paix

    quand tout brûle encore

    en bas

  • les pieds dans l'eau

    DSCN1853.JPGmarcher comme ça les pieds dans l'eau

    depuis toujours j'y puise

    et se joindre aux limites

    le froid la peau le sable et la mer s'en fiche

    comme j'aimerais parfois

    être ce rocher

    cette année je n'aurais pas vu les cerisiers

    en fleurs les cerisiers au fond du jardin

  • pause

    j'appuie sur pause et l'image se fige une fois de plus à l'improviste l'hôpital nous a happé, entiers

    alors stop le printemps les Albères

    brusque apparition de feuilles aux arbres des parkings

    petit corps entre les draps tenu par des fils

    mais la tempête est derrière nous avançons