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à Sainte Lucie je veux bien servir d'yeux et plus
si affinités
elle saura ainsi que le feu est passé sans s'attarder
pas assez vite toutefois pour épargner d'autres espèces
que les chênes-lièges,
une sorte d'éléphant de bois à la peau épaisse dont on fait les bouchons
mais le pistachier contre le mur est intact
c'est comment dire
presque un miracle
j'en ai recueilli quelques graines
je n'y peux rien c'est une manie
Sur la foi d'une photo et d'un commentaire j'étais parti à la recherche du castrum originel de Laroque avec mes baskets et mon chien
une campagne de fouille récente avait révélé l'emplacement au lieu-dit roca vella qui se dit en passant machu picchu en quechua même s'il n'y a pas d'inca
et je n'avais pas à portée d'eau
mais l'air sentait la sueur des plantes et de la terre
nos huiles essentielles
l'éperon rocheux était formidable mais les pierres n'ont rien dit pas un mot
me manquait l'expertise du chercheur
l'oeil de l'archéo
ils avaient vécu là sans doute ou s'y réfugiaient
quand l'Etat s'est tassé
vers ce Haut Moyen-âge de tous les dangers
peut-être ont-ils vu ce moaï
tourné vers l'Est
et son grand sourire
Sources : Le Castrum originel de Laroque des Albères était situé beaucoup plus haut que le village actuel. Site carolingien, il est mentionné dès la moitié du IXe siècle sous le nom de Roca Frusindi. Des prospections archéologiques y furent menées par A.C. au début des années 2000. (Mention faîte dans
"Le rivage méditerranéen des Pyrénées...2000 ans d'histoire et plus.../Martine Camiade, Jean-Pierre Lacombe-Massot, Joan Tocabens (Association Sources, 2008)
...mais l'auteur de ces fouilles ne souhaite pas que son nom soit associé à mon blog... qu'il en soit selon sa volonté, on ne va pas se fâcher.
...si neuf que j'ai cherché le dragon gonflé à l'hélium et retenu par une ficelle qui indiquait l'entrée du parc d'attraction...
en fait le château originel édifié vers 1040 a suscité l'inspiration romantique de l'architecte catalan Alexandre Comalat qui a entrepris sa restauration à la fin du XIXe, transformant la ruine en une charmante "folie" néo-gothique à la mode de l'époque
l'histoire catalane est d'un compliqué, j'ai renoncé à ses subtilités. Le château de Requesens était au XIe siècle un poste avancé du Comté du Roussillon...viguiers, barons, vicomtes, chaque famille noble avait son castell et administrait son fief en essayant de rogner celui des voisins, le tout sur fond de croisades, au sud contre les sarrazins, au nord contre les français et les croisés du pape qui découpaient les Albigeois en sushis ce qui permettait à tous ces châtelains partis batailler avec leur roi de bien se faire voir en allumant leurs collègues...finalement rien n'a changé
on monte au Forcat en passant par le hameau de Saint-Martin de l'Albère, deux fermes, une chapelle un cimetière ainsi qu'une brassée de pancartes nous suggérant de rebrousser chemin, pourtant tout est tranquille, genre Suisse catalane, pâturages vaches pâturages et sitôt le sentier à couvert on grimpe délicieusement devant de remarquables sujets de sapins ou d'hêtres, en chemin un mobilier de pierre daté de 1869 taillé de la main de Manel que vous ne trouverez pas au catalogue et bien vite on arrive au col bien marqué entre ses deux mamelons festonnés de genêts où s'engouffre la tramontane
la source du Llobregat est à côté
une partie de l'armée républicaine en déroute est passée par ici en Février 1939
dans la boue et le froid ils ont dû en baver
pour l'heure le soleil et le chant des oiseaux m'accompagnent dans une belle forêt de châtaigniers qui cèdent la place aux chênes-lièges dans le dernier tiers du parcours
le sentier rejoint alors la piste venant de Cantallops, quelques ruines d'un hameau plein sud autour de nombreuses terrasses et une grande ferme avec un curieux pigeonnier comme un doigt de pierre posé sur son toit
et plus bas émergeant des frondaisons, les tours crénelées et les remparts d'un château-fort comme neuf, Requesens.
Sans ce routard
je n'aurais jamais trouvé le fort. C'était sur la carte mais va savoir, il n'y avait pas de sentier et les courbes de niveau se brouillaient sous mes yeux
je suivais le cours de la Rome, une végétation luxuriante, des toboggans de roches, des vasques, c'était magnifique et puis j'ai entendu un grondement devant moi j'ai pensé à un sanglier, un ragondin mais j'ai aperçu une tente presque invisible sous les aulnes glutineux, deux pieds en sortaient ainsi que des ronflements. Une guitare posée sur des sacs, un filet de fumée blanche s'échappait d'un foyer de pierres plates où chauffait une bouilloire.
C'est en contournant cet obstacle ronfleur que j'aperçus tout en haut des gorges quelque chose qui ressemblait à un pan de mur, je tenais mon fort
bien conservé malgré ses deux mille ans
deux millénaire, cela n'est rien pour nos amis catalans, pas assez sans doute pour flécher le chemin et défricher un tant soit peu
à moins que cela ne soit un camouflage à destination de Louis Aliot que l'existence d'un château des Maures sur les terres de son (presque) fief pourrait chagriner...
il surplombait la Via Domitia de quelques mètres et contrôlait le défilé, ils avaient mis là un péage, pas fous ces romains
occupé ensuite et restauré sans doute par les sarrasins pour être finalement repris par un lieutenant de Charlemagne (*) puis retombé dans l'oubli
mais bien conservé malgré ses deux mille ans
mieux que la Via Domitia qui s'est écroulée là
et partout des bouts de Rome
les palais sont en morceaux
toute pierre fait ruine
et puis...
https://sites.google.com/site/aspavarom66/etudes-sur-la-vallee/presentation-de-la-vallee-de-la-rome
(*) un certain Arnal d'Oms