
ce soir les Albères ont un air de Chine
lignes bleues
c'est comme un mirage
on irait bien voir derrière
si cela continue
d'ailleurs
comment différencier l'endroitde l'envers ?
faut-il pour cela se retourner ?
quel sens donner à ce qui n'en a pas
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ce soir les Albères ont un air de Chine
lignes bleues
c'est comme un mirage
on irait bien voir derrière
si cela continue
d'ailleurs
comment différencier l'endroitde l'envers ?
faut-il pour cela se retourner ?
quel sens donner à ce qui n'en a pas
j'aime ces villes penchées
avec des escaliers
qui descendent vers la mer
Brest Port-Vendres Marseille Istambul Trebizonde
le vent s'y engouffre
fait gonfler les cirés
nous donne des airs de derviches
et puis les bars qui happent et rejettent
des hommes rouges
l'Obok est à quai
il attendra n'attendra pas
peut-être que peut-être pas
imaginez des mas accrochés au bout des chemins avec dedans des communautés agricoles anarchistes nous sommes dans les années soixante-dix,
Franco et sa bande de généraux dégénérés sont toujours debout juste à côté
et la guardia civile s'arrête au bord du chemin
mais il y a de passerelles et des raccourcis
des armes qui rouillent
et tout ce monde sème défriche plante et discute et rêve et s'engueule et bouge en s'inventant des chemins de traverse des avenirs incertains de nouvelles façons d'aimer de construire
car cela ne va pas de soi car cela est tout sauf facile
et si on recommençait ?
et de temps en temps tous les dix ans ces têtes maintenant blanches se réunissent, elles ont toujours dans les yeux cette lumière d'anarchie,
j'ai pour eux une infinie tendresse
les graines ont quitté leurs poches , elles ont poussé
que les plants soient nombreux

je n'avais pas repris cette route depuis les inondations de la fin Novembre 2011 et là en raccompagnant Charlie, j'ai pu mesurer ce qui restait à reconstruire plus de six mois après le déluge
la retenue d'eau encombrée de galets jusqu'au faîte du barrage, des centaines des milliers de mètres-cubes à déblayer...
je ferme les yeux un instant en l'écoutant parler
c'est comme si j'y étais
ce jour-là, protégé par l'auvent de sa maison, Charlie a passé la journée puis la nuit à regarder le Tassio pris de furie
la rivière enveloppait le barrage
le remuement des pierres qui roulent
et le choc des blocs
le vacarme de la chute d'eau
d'où venaient tous ces galets ? tout ce sable ? la rivière a raclé les fonds, dénoué ses lacets, retourné ses tiroirs. Cette vallée en entonnoir, évasée au fond, qui recueille toutes les eaux de tous les versants et se termine par des gorges, un bouchon ...
il nous faudrait des chercheurs d'or tamisez tamisons et puis j'ai dans la tête cette chanson celle d'André Minvielle "K you K Yaw", j'en suis sûr vous connaissez
on dit que Speke et Baker passèrent au pied du Ruwenzori sans se douter qu'il y avait là une formidable montagne
à notre échelle j'oserai faire la même comparaison depuis quelques jours les Albères ont disparu
ensevelies sous une masse considérable de nuages bas qui semble inépuisable comme l'eau déversée depuis des jours sans compter presque par dépit, dis Saint Galdric de Lavall, il serait temps de cesser ces conneries (*) ! cela partait sans doute d'une bonne intention, faire revenir à la vie tout ces petits dragons, pathétiques filets d'eau avalés par le sable des lits...
passant sous ses fenêtres entre deux quintes de mousson, j'ai salué le barbu à sa vigie, il n'y a pas plus heureux qu'un météorologue aujourd'hui
(*) http://sorede.blogs.lindependant.com/tag/lavail