puisque tout tourne on s'accroche à ce qui ne change pas, on doit de loin ressembler à ces grands singes qui se déplacent en se balançant d'arbre en arbre...
sur le chemin de la fontaine avec ma dame-jeanne, je fus d'entrée dévié de ma route par un beau frêne tout gonflé de samares puis par des nombrils de Vénus rouges dont les feuilles semblaient brûler sur la terre ocre du talus. À côté, une racine de chêne se donnait des airs d'araignée avec ses longues pattes filiformes. Que de distractions ! Autant faire le détour par les jardins du haut en passant par le chemin des fées qui grimpe, encaissé avec ses grosses pierres bizarres qui se languissent d'un ancien ruisseau.. Sur le plateau, je discute un peu avec le jardinier sauvage. Une genette lui a saigné deux poules mais il se refuse à la piéger. Cet homme est un sage. Les verts éclatent. De retour à la fontaine, j'applique la maxime du vieux poète. C'est vrai, le premier enchantement est pour soi.
" Petits départs et autres véhicules " - Page 9
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dimanche à la campagne
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drôle d'oiseau
cette année les hirondelles sont à l'heure
mais pas de nouvelles des tourterelles
il paraît qu'elles sont turques
Erdogan y serait-il pour quelque chose ? -
l'aromathérapeute
c'est si simple qu'on se dit ce n'est pas possible, marcher dans la garrigue par une belle journée de Février. On ne s'en lasse jamais. C'est un rêve d'aromathérapeute. Il y a tout ici, on est immergé jusqu'à la taille d'effluves essentielles. Des mimosas des thyms, des lavandes, des genets à la noix de coco et partout de ces géraniums rustiques dont on froisse les feuilles pour sentir la citronnelle, ils se couvriront le jour venu de petites fleurs roses guère plus grosses qu'un bouton de chemise et puis les menthes si vertes et duveteuses comme un tapis sous les pieds, l'odeur forte de l'asperge libérée lorsqu'on pince la tige. C'est si simple, on en a presque honte. Nous sommes au pays des injonctions contraires. Le bio est partout, on exalte la vie naturelle et pourtant ces montagnes sont quasi désertes. Que font les hommes ? Où vont-ils ?
- l'asperge libérée c'est quoi cette histoire ?, dit le chien
- oh, hé, hein, bon -
pression, dépression
des nouvelles de la tempête
de la tempête permanente
comme un front enterré
lignes à lignes
isobares
la mer blanche
les déferlantes
la mer en bigoudis
roule et déroule
la mer en route
on dirait l'Atlantique
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des ptits poems
c'est quoi ce texte tout nul ? dit le chien
ah, ça a l'air facile
ça a l'air de rien
ces ptits poems
mais certains jours les mots vous sont refusés
c'est le désert blanc
au mieux la cour des miracles, vous ne savez plus écrire et vos phrases sont grasses
et maquillées comme des stars
et rien ne va tout est bancal
ni rythme ni flow ni grâce
et vous rêvez de la station idéale
cela tient à quoi
si je le savais