le club des marcheurs aléatoires

vers une escapade au roc du Midi que j'ai failli ne jamais atteindre embarqué que j'étais bien trop loin sur la piste et tiré par les yeux

découvrir à chaque tournant un nouveau paysage des pelouses de mousse où s'allonger au soleil

ce sont des chemins de chèvres ou de vaches parfois un rond de peinture survivance des anciens balisage les chemins

il faut les lire ils s'évanouissent parfois sous les pas et on reste aveuglé ne sachant où aller mais sur ces chemins inconsistants m'enfonçant le plus souvent dans les feuilles et elles sont glissantes ces feuilles de hêtre j'ai coupé par les travers

plus je monte et plus la mer grandit elle s'étend dans toutes les directions

surprise de terrien

un marin m'a rit au nez

disons-le le terrain est assez dévasté après la grosse pluie de Novembre, le sol est traître des embâcles hérissés barrent les petits ruisseaux j'imagine quel apocalypse cela fut pour les habitants à quatre pattes heureusement avec tous ces rochers les abris ne manquent pas

un bon moment passé sur un promontoire de magnifiques lichens

abyme fractal

et la vue dégagée juste barrée par ce roc du Midi que je souhaite atteindre drôle d'idée, je suis parti depuis quatre heures et ne fais que tourner autour il y a de la dé-raison

je vais créer un club des marcheurs aléatoires

il n'y a pas beaucoup de neige pour une fin Décembre, là-bas derrière le Madres j'aperçois le toit du Capcir c'est blanc

enfin les éboulis cette veste me gêne la paroi est impressionnante j'ai un peu de mal à progresser il faut se changer en singe en plus il a des oiseaux nicheurs je décide de ne pas les déranger

j'avise une grotte où je me cale et je suis surpris on entend tout je suis dans le tympan du roc et j'ai l'impression d'être au bord d'une avenue dans une petite ville là j'avoue j'ai un coup de blues j'ai l'impression d'être dans la pièce d'à côté il suffit de changer de chaîne je me demande si les animaux perçoivent le même brouhaha

je vais redescendre et puis je me tromperai de chemin

drôle de temps il fait trop doux

barbatéjades

j'évoque souvent des fantômes et autres spectres à diverses occasions mais il faut savoir que nous habitons sur un cimetière médiéval, les anciens m'ont raconté qu'au début des années soixante lors de l'installation des canalisations du "tout à l'égoût", la tranchée avait révélé des squelettes sans tête, l'opinion générale avait tranché, il s'agissait indiscutablement de maures, au moins les simiots n'y étaient pour rien

de nos jours la moindre intervention sur la voirie fait ressortir des ossements qu'un conseiller municipal s'empresse d'escamoter de peur d'une cessation des travaux

mon ami Pierre m'a appris il y a quelques jours la forte présomption d'existence d'un cimetière templier à quelques pas sous l'actuel parking de la Bèze

il est vrai que nous partageons tous deux un goût certain pour les barbatéjades, on pourrait traduire cela par élucubrations

l'enchantement bref

Apparition d'un grand chien blanc sur la terrasse à minuit, un  jeune patou arrivé par les bois qui ne se laisse pas approcher

rêve fantôme illusion, les grands animaux blancs sont souvent des interfaces avec le monde surnaturel

éléphant blanc, girafe et baleine blanches, je pourrais l'appeller Achab

oui je sais ce n'est qu'un chien mais c'est déjà plus gros qu'une souris ou un lapin et si l'enchantement est proportionnel à la taille je sais déjà que le mien sera de courte durée

il faudrait que j'arrive à lire son collier

le dedans, le dehors

il m'embête un peu le Walther de Thomas Vinau dans "Nos cheveux blanchiront avec nos yeux " (Alma Editeur, 2011)

arrivant à Port Bou en train depuis Sète, je pensais qu'il allait se fendre de quelques phrases bien travaillées sur les Albères mais rien, absolument rien, juste ce...

"derrière les collines quelques maisons ocres et rouges apparaissent"

des collines pfff..., les Pyrénées Walther, les Pyrénées, la ligne passe au pied du Sailfort qui culmine tout de même à 1000 mètres

et puis pour un amateur de chambres d'hôtel célèbres, tu as complètement zappé l'hôtel Quintana de Collioure où s'est éteint Antonio Machado à quelques kilomètres du dernier lieu d'exil de Walther Benjamin que tu n'oublies pas mais bon

je sais on peut écrire un road-movie avec une connexion internet bas-débit et quelques cartes postales et j'avoue m'être fait piéger par le clin d'oeil à Nicolas Bouvier et la référence à Cendrars

mais Walther, situer le Musée Dali à Madrid "avec ses crottes en céramique" alors qu'il n'a jamais bougé de Figueres...

tu t'es encore trompé de train

simiot ?

chassés par les archers du roi sur les hauteurs de Laroque près de la source qui porte aujourd'hui leur nom les derniers simiots furent abattus et nul n'en a jamais revu

ils venaient dit la légende du Vallespir voisin où ils avaient pris la facheuse habitude d'enlever des enfants pour les dévorer, rien de moins, mais ils en furent chassés par la puissance de saintes reliques exfiltrées du Moyen-Orient

j'ai cru pendant longtemps qu'il s'agissait d'esprits vaporeux post cargolade ou de créatures engendrées par nos propres cloaques, des affabulations d'après gargouille voire du pendant local des korrigans et autres poulpiquets mais les chroniques médiévales  les décrivent comme des animaux des têtes de singes cynocéphales des babouins en somme qui se seraient acclimatés dans ce coin des Pyrénées catalanes, allez savoir...

mais si de simiots nous n'avons plus, les têtes grimaçantes pullulent ici comme ailleurs en ces temps d'incertitude, d'ailleurs voici mon monstre du mois, rencontré dans le secteur de Villelongue Dels Monts il y a quelques jours... chat sylvestre ? Sylvain ?