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Ohé peuple des villes
qui après nous survivrez
sachez qu'en Albera l'automne a fini par arriver
celui qui s'annonce avec la fumée
celle des jardins celle des cheminées
les aubes tardent le soleil est penché
le vert se fond le vert vire à l'or
des merveilles surgissent en une nuit des érables des micocouliers
Novembre est le mois des clichés
je ne sais pas si les araignées sont concernées par les nouveaux textes gouvernant la condition animale mais je reconnais avoir fait quelques efforts dans la gestion des populations arachnides (on dirait un rapport officiel !) j'ai encore un peu de mal avec les scorpions les puces les acariens et autres voleurs de sang.
Faut-il absolument sauver tout le monde ? Il n'y aura pas assez de place dans le bateau !
je me souviens avoir jadis croisé des yatis, ces moines jaïns dans un temple près de Jodhpur. Ils ont pour obligation religieuse de ne blesser personne, aussi passent-ils leur temps à observer le sol avant de marcher mais en retour ils se doivent de supporter stoïquement les "vingt-deux désagréments physiques et moraux" ...parmi lesquels figurent les piqûres d'insectes !
cette araignée de mon potager me semblait particulièrement belle avec son diadème et sa carapace de panzer, merci à Florian (lesarthropodes@numericable.fr) de l'avoir identifiée comme une Araneus pallidus, une épeire du sud pour faire court.
la forêt s'emplit de voix et de cris, des 4x4 dévalent les pistes en pétaradant
c'est qu'ils sont sortis, les champignons
et depuis la nouvelle lune, c'est une éruption.
Des tombereaux de cèpes et de girolles et des russulles des coulemelles
il y a même des coprins chevelus, ces coprinus comatus et des phalles impudicus : la morille du diable, le terrible et néanmoins mangeable phallus impudique
bref des champignons que la morale de ces nouveaux khmers blancs réprouve
ceux qui s'en sont pris récemment à ce pauvre Paul McCarthy, le créateur de "Tree"...
puis partout des chapeaux retournés des pieds coupés c'est par cageots qu'ils les emportent et les langues se délient
34 ! il en a ramassé 34 kilos !
ce n'est plus de la cueillette c'est du pillage
et pourquoi sortent-ils tous ensemble ?
la terre est sèche
voir la nature soudain si prodigue
est-ce un chant de terre ou
un chant du cygne ?
Cette massanaise c'est la placidité élevée au rang d'un art. Cette vache est une artiste.
Il y a de la morgue dedans et aussi un peu d'orgueil
ce n'est pas pour rien qu'elle fut déesse-mère là-bas
sur les bas-reliefs les tapisseries dans la rue elle est partout elle nous domine
comédienne
elles doivent en rire la nuit
leur sabots résonnent
et la flûte de Krishna
les houx sont des danseurs
nous allions, traversant la forêt désolée, les arbres couchés, la terre nue lessivée par les pluies et défoncée par les sabots des vaches
et partout des rochers, des blocs comme retenus de tomber sur les troncs blancs des hêtres
plantés comme d'énormes piquets
