je ne sais pourquoi je pense à lui ce soir, sans doute parce que son chant me manque mais aussi loin que je me souvienne l'hiver il se tait
parfois, par les fenêtes ouvertes, quand le vent venait du sud, il m'arrivait de l'entendre
sa scène, choisie pour ses qualités acoustiques surplombait la rivière prise entre deux falaises formant goulet
je suivais alors un chemin parallèle pour ne pas le déranger et c'est moi qui était surpris
par son chant monodique, sa voix de basse profonde
par la sauvagerie que je percevais dans ses psalmodies par sa liberté souvent j'ai pensé à Antonin Artaud
les mots étaient souvent brouillés par le bruit de l'eau il pouvait chanter pendant des heures.
Un jour nos chemins se sont croisés. Cet homme était d'une extrême courtoisie, il m'a dit qu'il écrivait ses textes, m'a montré son petit cahier, ses mots tracés à l'encre bleue, étirés comme des fils. J'ai senti la tension qui l'habitait et puis
par une voisine à la langue bien pendue j'ai appris d'autres choses mais était-ce bien nécessaire... sans doute est-t-il en villégiature mais je l'attends